Je réclame le droit de ne plus grandir
Je réclame le droit de ne plus grandir
Grandir ça rime à quoi. Depuis l’enfance on nous berce d’illusion que lorsqu’on sera grand tout sera mieux, on pourra décider de notre vie, faire quasiment tout ce qu’on veut et on sera libre et autonome. Moi aujourd’hui j’ai 20 ans et je ne me suis jamais sentis aussi esclave de la nostalgie de l’enfant que je fus jadis. Oh certes être enfant ça peut avoir ses contraintes, mais au moins on vie encore dans l’espoir. C’est vrai, l’enfant peut rêver sur la vie qu’il veut avoir, alors que l’adulte pleur déjà sur la vie qu’il n’a pas eu. Moi je dis que F. Armanet a raison, la nostalgie est l’ennemi de la vie. Elle nous emprisonne dans des souvenirs qu’on ne pourra plus toucher, elle nous fait voir des visages qu’on n’embrassera plus. Elle nous torture. Et à la fois elle est la corde qui nous permet de ne pas oublier.
Je souffre des années qui passent, et m’oblige à me déterrer de plus en plus de la naïveté de mon innocence. « Grandi ! » m’as t on dit. Mais pourquoi ? Pour me rendre compte que les gens sont individualistes, pour comprendre que tout ce qui nous a fait rêver comme le père noël ou la petite souris ne sont que des inventions. Pour comprendre que des gens meurent aux quatre coins du monde pour rien. J’envie les trois singes. Paraît-il qu’ils incarnent le mythe de la vie parfaite. Ne rien voir, ne rien dire, ne rien entendre. Oui être adulte, c’est être mort quelque part. Mais… de ces trois singes, j’envie celui qui ne voit pas. Je voudrais comme lui ne plus jamais à voir les gens que j’aime partir. C’est si dur de créer des liens, à qui on accorde tant de valeur, et du jour au lendemain accepter presque naïvement qu’ils se brisent. Je suis puéril ?! D’accord, si ça peut me permettre de croire encore que je garderais mes amis toute ma vie, que mes parents ne me quitteront jamais et qu’un jour dans le monde tout ira mieux.
Je ne veux plus grandir, si chaque pas que je fais, me brise un peu plus en me dévoilant les dures réalités de la vie. J’ai si peur de finir seule, d’être mal entouré, ou de souffrir trop fort de certaines absences. Pourquoi les gens s’aiment et se quittent. Au nom de quoi ?! « C’est la vie ». Moi je n’y arrive plus. Je ne me sens plus assez forte pour continuer à avancer dans un chemin qui s’obscurcit de plus en plus, parce que votre ‘nour’ ne m’éclaire plus. Mes larmes d’enfant coulent, mais elles n’y changeront rien. Tout le monde part un jour. C’est une réalité de la vie des plus poignante. Je sais que je me relèverais de tout ça parce que, c’est ça ou mourir, mais est ce que dans le fond ce n’est pas passé à autre chose qui me tue un peu plus à chaque fois.
Je suis si fatiguée…
Moradéké A. le 29/03/2008